mercredi 7 novembre 2007



Pourquoi le symbole ?



La psychanalyse est souvent critiquée pour son goût du "déclinisme".
L'éclairage mis sur la désymbolisation croissante du lien, que ce soit au sein du couple, de la famille, de l'école ou de l'entreprise ne semble pourtant pas infondé ; bien des spécialistes en parlent à leur façon.
Notre propre rapport à la parole, à l'échange, devient de plus en plus sensitive et nous supportons de moins en moins ce qui nous ordonne et nous abrite en commun.
Même entre collègues et amis, la disputatio devient dispute.
C'est à cette dimension en carence du pacte, de l'Alliance, ou de ce que Lacan appelait parole pleine que la question du symbole peut apporter appui et réflexion.
Bien sûr le mot lui-même est source de confusion dans les sciences humaines mais la distinction entre le signe et le signifiant ne règle pas l'angoisse du moment : quand on brûle un drapeau, quand on siffle l'hymne national, quand on agresse un enfant pour l'insigne ou le vêtement distinctif, quand on caillasse la voiture des pompiers ou celle du médecin... c'est bien au symbole qu'on s'en prend.
Or le symbole n'est que condition sine qua non de la vie en commun.
Objet sans autre signification que le rappel de la nécessaire solidarité entre un individu et ce qu'il l'entoure, le précède et le transcende.
Objet séparé de lui-même, troué, réunissant par sa structure divisée et non par l'image toujours fallacieuse de l'unité retrouvée.
Il est nullement utile d'être pour ou contre le symbole ; de la naissance à la mort ce dernier nous accompagne, marque notre identité, notre corps, nos amours et notre mémoire.
Si notre société relativise les rituels, ceux de la naissance, du mariage et du deuil, ce n'est pas sans poser difficulté à la subjectivité de chacun ; savons nous encore entendre l'expression "faire son deuil" ou "pour le meilleur et pour le pire" ?
L'urgence pour les psychanalystes n'est pas l'invention de nouveaux rites.
L'urgence est politique : elle est de comprendre pourquoi toute proposition est désormais caricaturée et le symbole rejeté comme "instrumenté" ou ringardisé.
Tout fait polémique dans la Cité, en nous-même aussi bien.
Dernier exemple en date : Guy Môquet qui n'a pas la chance d'être le "Ché", icône incontestée.
Nous nous émerveillons de la façon dont Lacan traite du symbole de la négation dans la logique des quanteurs mais nous sommes négativistes sur tout...
L'appel au symbole est le signe que le signifiant n'est plus reçu dans sa division fondatrice ; le politique n'a plus autorité sur notre savoir, pensons-nous. Qu'est-ce qui a encore autorité ?
Alors, parler ensemble du symbole nous évitera-t-il le voeu si insistant de devenir un héros solitaire et tragique, le symbolich ?

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