dimanche 15 avril 2012



Autisme : dans le respect de la déontologie



Nous oublions souvent que les médecins prêtent serment ; la Loi hospitalière en fait d’ailleurs le rappel par la formule « dans le respect de la déontologie ». Un psychiatre n’est pas uniquement aux ordres de l’administration, de ses instructions ou recommandations ; il peut par exemple s’opposer à des formes d’évaluation contraire à sa conscience : a ainsi été rejeté le dépistage en maternelle de troubles prétendument prédictifs d’une délinquance future. L’intrusion d’une politique idéologique dans le champ de la santé annonce toujours les plus grands renoncements aux règles d’éthique. La Haute Autorité de Santé a pris dans le champ de l’enfant des décisions qui vont à l’encontre du devoir de parole et de décision du praticien ; balayer la psychanalyse comme feuille morte est oublier que cette science de l’âme est garante d’un discours propre aux professionnels du soin et éventuellement à leur devoir de résistance.
L’éthique n’est pas uniquement le service des biens : c’est ce qui distingue l’autorité du pouvoir ; la pratique n’a pas à être « consensuelle « comme on le serine à loisir : le fait clinique est têtu et c’est lui seul qui va guider la pensée et l’action.
On reproche à la psychanalyse de culpabiliser les mères alors que nos propres collègues ont mis en place des dispositifs de préventions précoces des troubles autistiques basés sur des études d’une grande modernité sur le lien de la maman et du bébé .
Pas une référence dans les recommandations de l’HAS qui prévient d’emblée que toute psychogénèse est à bannir : il n’ y a aucun rapport entre les parents et l’enfant sauf bien entendu la génétique !
Exit la psychologie la plus courante ; pourquoi faire encore des anamnèses ?
La régression est telle qu’il paraît désormais plus naturel d’évoquer la chimiothérapie. L’enfant est envisagé comme une addition de fonctions ou une soustraction de déficits ; la préférence accordée aux approches éducatives, développementales et comportementales, qui devient exclusive alors que la coopération était depuis longtemps acquise, ne masquera pas longtemps cette dérive vers la marchandisation d’une pathologie.
Il suffit de lire le journal « le Monde » porte voix inattendu de la croisade contre Freud pour voir aligner les évidences les plus monstrueuses :
- On parle désormais de plus de 400 000 autistes : d’ où vient une telle explosion statistique ?
- Les travaux sur des souris nous en apprendraient sur les interactions sociales et le déficit en vocalisation.
- des médicaments sont enfin proposés pour les « stéréotypies » bien connues aussi dans la psychose infantile.
C’est un florilège d’énoncés incontrôlables mais destinés à préparer le passage d’une pathologie de l’enfant de la pédo –psychiatrie vers des alternatives comme le mécénat d’entreprise.
L’inquiétude et le malaise sont perceptibles dans les services et dans les associations savantes, comme d’ailleurs dans les groupes analytiques ;
Certains sont tentés de faire le gros dos en laissant passer l’orage,
Nous préférons recommander d’entrer dans l’orage car le respect de la déontologie n’a pas de prix.

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