Autisme : pour qui sonne le glas ?
La Haute Autorité de Santé a publié son avis sur les troubles du développement de l’enfant en mettant l’approche psychanalytique « hors-jeu » selon le mot du journal Le Monde ; journal qui, au passage, se fait le défenseur de « l’exécution nécessaire » d’une discipline, la psychanalyse qui refuse de se soumettre aux exigences de l’évaluation.
Ne nous voilons pas la face, les problèmes posés par les recommandations sont graves et vont directement influencer la vie des services. Sous le terme « troubles envahissants du développement » se trouvent en fait réunies des affections variées, souvent encore mal délimitées : autisme et psychose infantile en particulier.
Faut-il entendre que tout trouble grave du développement sort désormais du suivi habituel des unités de pédopsychiatrie au profit d’une prise en charge exclusivement éducative et comportementale ?
C’est à une recomposition massive du paysage de l’accueil et du soin qu’il faut alors que le législateur veille. Avec la prétention inouïe d’une démarche unifiante dans des itinéraires cliniques très hétérogènes.
Beaucoup de collègues se sont fait pourtant l’écho de pratiques depuis longtemps plurielles, incluant sans aucune guerre dans les équipes, approches pédagogiques et approches psychologiques.
En vain manifestement. Que doit-on dire à la majorité des praticiens en exercice formés à la psychopathologie d’inspiration analytique ? Faut-il les remplacer et par qui ?
En poussant au clivage partisan les décideurs de santé ont perdu leur « haute autorité ».
Reste le pouvoir d’ouvrir les centaines de centres promis où les enfants bénéficieraient d’une prise en charge individualisée et dense : 20 à 25 heures par semaine d’après les dites recommandations !
C’est le temps des promesses et avouons-le des provocations au moment où l’on parle partout d’économies drastiques.
Les familles attendent des miracles, mais demanderont des comptes après l’évaluation des moyens mis en oeuvre et des résultats.