jeudi 10 novembre 2016

Le métier à tisser les noms-du-Père



Jean-Jacques Tyszler, « Le métier à tisser les Noms-du-Père », in Jean-Pierre Lebrun, Désir et responsabilité de l’analyste, ERES « Humus, le désir de l’analyste en acte », 2013 (), p. 265-275.?

« Fecemi la divina potestale/
La somma sapienza a il primo amore. »
[Je fus édifié par la force divine/ La plus haute sagesse et le premier amour.]
Dante, Divine Comédie, enfer III, 5-6.

Universalité de l’Œdipe ?
La psychanalyse est-elle universelle ? nous pouvons considérer que la découverte de l’inconscient par Freud ouvre une question pour toute culture. Mais dès le problème posé par la traduction du livre monument sur l’interprétation des rêves, Freud va se demander ce qui est transmissible lors- qu’on passe d’une culture à l’autre, d’une langue à l’autre.
Les psychanalystes ne s’aperçoivent pas bien que les mots qu’ils utilisent sont, la plupart du temps, complètement internes à leur spécialité : l’identification, la pulsion, le fantasme... sont des notions non partagées par le reste des sciences humaines. On ne peut en faire grief à la psychanalyse qui, d’un certain point de vue, comme toute science, à sa propre boîte à outils. Ce qui par contre peut poser problème, c’est la grille de lecture univoque que Freud a imposée pour lire l’inconscient, et en particulier ce que l’on peut nommer axiome, qui est le fameux complexe d’œdipe.
J’ai pu mieux appréhender, lors d’un récent voyage au bénin, dans un colloque réunissant des collègues africains, combien cette entrée par l’œdipe pouvait poser problème. Au moins parce que leur conception de la famille, ce que l’on appelle « la famille traditionnelle africaine », n’a rien à voir avec la famille dont parle Freud à Vienne, et encore moins avec celle éclatée que nous connaissons aujourd’hui dans nos contrées.
Un jeune confrère m’a dit, avec simplicité, que c’était pour lui un gros effort d’imagination que d’accorder la psychopathologie à ce mythe œdipien.
Ce problème n’est pas juste une question « culturaliste » comme on dit aujourd’hui, avec une pointe de dédain dans nos milieux.
Lacan a beaucoup fait pour garder à la découverte de la psychanalyse l’ouverture que Freud avait souhaitée. Il a cherché des invariants plus généraux pour décrire le mieux possible la trame de l’inconscient et sa possible lecture. Son aphorisme « l’inconscient est structuré comme un langage » fait partie de cet effort pour déplacer les grandes scènes freudiennes vers l’ordre de la lettre, c’est-à-dire le jeu de la littéralité dans les rêves, les mots d’esprit, les lapsus et les autres avatars que nous connaissons de la vie psychique.
Les derniers séminaires, plus topologiques, paraissent ardus, mais l’enjeu est le même : comment passer du père du mythe à la fonction symbolique que l’on cherche à mettre au principe de la relation entre le désir humain et une loi qui lui permette de vivre un tant soit peu en société.
Il faut trois pour coincer un point ; c’est la réponse de Lacan à l’échafaudage de Freud : placer le réel en tiers pour se passer du Père freudien. Depuis le séminaire sur les structures freudiennes des psychoses jusqu’aux derniers séminaires déplaçant la clinique de surfaces vers celle des nœuds, Lacan n’a cessé d’interroger ce
qui nous paraît désormais comme un monstre sacré : le nom-du-Père.
Ce qui est à une époque la métaphore des métaphores, Lacan le remet sur le métier à tisser. Le nom-du-Père est-il un signifiant ? est-il un nom propre ? est-il une suite de lettres ? À son unicité qui semblait se déduire de l’universalité de l’œdipe, vient tout d’un coup faire violence un pluriel. Qu’écrit Lacan quand il dit les « noms-du-Père » ? Ce n’est sûrement pas simple retour au polythéisme comme nous avons pu l’entendre récemment proposer au brésil. Lacan travaille la bible juive, il étudie les différentes appellations du nom de Dieu ; il s’intéresse parallèlement à d’autres écritures possibles : Joyce, que nous connaissons dans sa relation au sinthome, mais aussi Dante qui par un acte poétique invente une nouvelle langue. Puis, nous le savons, une proposition qui suscite en nous une forme d’inhibition : les trois lettres R, S et I comme les noms-du-Père.
À sa façon, Lacan n’a jamais cessé de s’engager dans l’équivocité et la complexité du signifiant qu’il avait lâché, le nom-du-Père. Derrière cette nécessité qui n’est pas exercice théorique, c’est toute la conception de l’inconscient qui est revisitée. En particulier le statut si crucial pour Freud de la répétition. Il semble bien qu’à partir du nouage borroméen, Lacan cherche un au-delà à la répétition freudienne.
Cette question nous vient de loin et a toujours tourmenté les esprits éclairés. ainsi, dans son avant-propos à La généalogie de la morale, Friedrich Nietzsche évoque le philosophe qui a inspiré la répétition de l’inconscient pour Freud, Schopenhauer, et il souligne la difficulté que chacun connaît dans sa vie et aussi bien dans sa cure : « C’est précisément là que je voyais le danger majeur pour l’humanité, sa tentation, sa séduction les plus sublimes – vers quoi ? Vers le néant ? C’est précisément là que je voyais le commencement de la fin, l’arrêt, la fatigue qui fait regarder en arrière, la volonté qui se retourne contre la vie. »
Certains, dans ce qu’il est convenu d’appeler le champ lacanien, interprètent la période du nœud borroméen comme une marche vers le non-sens et le sans-loi. Répétons-le pourtant, il semble plutôt que Lacan cherche un au-delà à la répétition freudienne. Une lecture de l’inconscient sans l’alibi de la petite histoire ni même celui de l’Histoire et sans non plus le conditionnel infini du fantasme comme seul horizon. Lire autrement n’est pas forcément l’insensé.
La clinique des noms-du-Père reste à établir ; il est légitime de mettre en rapport la « nouvelle économie psychique » avec le nœud borroméen à trois cordes, c’est- à-dire sans la suppléance d’un appel explicite au Père. Il est remarquable que des patients très dispersés, brouillons dans leur énonciation, agités par une logique du « tout-tout de suite », trouvent à se vectoriser dès lors qu’ils acceptent un défi de travail : le métier reste un des noms-du-Père mais son tissu est implicite.
La clinique freudienne n’est pas intangible
Une brèche s’ouvre dès lors car, et l’on n’y prend peu garde, toute la clinique freudienne et sa division en catégories sont bâties à partir de l’étude de la mise en place et de la sortie du complexe d’œdipe. Il suffit de relire les fameuses Cinq psychanalyses pour avoir idée de la façon dont Freud dirigeait ses cures à partir de cette clé.
Il ne s’agit nullement de jeter le bébé avec l’eau du bain car il y a, dans les grandes monographies freudiennes, des trésors qui restent absolument indépassés. Mais ce sont les limites posées entre les mots qui font concepts qui se doivent aujourd’hui d’être repensées.
Peut-on, par exemple, reprendre la séparation entre le fantasme et le traumatisme ? tout un pan de la psychanalyse s’est engagé, surtout aux Etats-Unis, dans une valorisation des phénomènes de traumatisme au point de chercher à toute force, dans chaque suivi et chaque cure, un élément de cet ordre. À l’inverse, dans le champ lacanien, peu de place est réservée à l’étude des mémoires traumatiques telles qu’elles se transmettent de génération en génération. Pourquoi ne pas penser ainsi deux courants de la vie psychique évoluant parallèlement par le biais du clivage ?
L’engagement de Lacan dans le signifiant jusqu’à son écart maximum ne concerne pas seulement l’urgente nécessité d’une lecture de notre actualité, il permet aussi de pour- suivre des problèmes laissés par Freud. Pour la place du traumatisme et du traumatisme dans la vie psychique, la reprise de la notion de répétition et le déplacement topo- logique du réel proposé par Lacan nous obligent à revisiter ce que nous appelons traumatisme au sens courant, traumatisme au sens de l’effroyable et encore névrose traumatique.
Une question inusitée
Mais nous pouvons pousser encore plus loin le questionnement et faire surgir une interrogation à l’intersection du traumatisme et de la psychose.
Le praticien est régulièrement confronté à cette clinique en la méconnaissant. nous avons récemment rencontré une patiente à l’hôpital dans le cadre d’une présentation de « malades ». Des épisodes confusodélirants avaient justifié des hospitalisations sous contrainte. Ce qui avait retenu notre attention, c’était que la symptomatologie d’allure psychotique n’était pas mise en rapport avec des éléments pourtant massifs, de l’enfance : l’abandon par le père et le suicide plus tard de ce dernier. L’aspect traumatique était occulté, probablement parce que le passage pourtant classique par le caractère parfois para-délirant de l’hystérie ne fait plus culture commune en psychiatrie.
Nous retrouvons fréquemment, dans le trajet de nos patients psychotiques, l’émergence d’éléments qui viennent de la petite enfance. Jusqu’à présent, j’étais peu sensible à l’intérêt porté sur de tels éléments, probable- ment parce que le fait qu’une psychose soit sans âge, au sens propre, me faisait méconnaître le moment d’éclosion. il faut dire aussi qu’il faut des transferts très établis pour qu’un patient délirant prenne le soin de rapporter des souvenirs jusqu’alors occultés.
Les phénomènes élémentaires de l’enfance nous renseignent sur la façon dont un psychotique n’a pas pu faire face à quelque chose précocement. Cela peut être au départ un incident apparemment minuscule, comme ce patient schizophrène me rapportant la terreur induite par une simple barre chocolatée lors de sa prime enfance. Mais ce qui va faire trouage indialectisable et terreur sans fondement va poursuivre son chemin, élargir le trou dans le tissu et réapparaître plus tard, après l’adolescence, de manière plus grave.
Proposons que lorsqu’un réel est appelé à être identifié sans le recours possible au nom du père, nous pouvons nommer ce trou « traumatisme » ou « trou-matisme ». L’exemple donné est caractéristique mais plus généralement une scène peut détruire chez l’enfant le monde idéalisé de ses représentations, comme l’évocation d’un événement peut rester strictement indialectisable et source de l’effroi dont parle Freud et qui n’est ni l’angoisse ni la peur. nous avons appris peu à peu à mettre en contexte, en contextualité, la symptomatologie de certains de nos patients psychotiques avec des souvenirs d’enfance qui ne sont pas, au sens propre, « souvenirs écrans » mais plutôt « phénomènes élémentaires », pour reprendre la terminologie due à de Clérambault.
Nous essayons ainsi, avec mesure, de faire jouer cette séparation que nous revisitons entre traumatisme et forclusion.
Comme nous l’indiquons plus haut, Lacan nous autorise à reprendre les grandes divisions signifiantes engendrées par Freud et à revisiter les « concepts cruciaux ».
De la répétition à la nomination
Récitons l’inspirateur avec lequel lutte Nietzsche : « Est- ce que la carrière écoulée de la vie d’un homme donné – étant admis que d’une part son caractère reste invariable, et de l’autre que les circonstances dont il a eu à subir l’influence sont déterminées nécessairement d’un bout à l’autre, et jusqu’à la plus infime, par des motifs extérieurs qui entrent toujours en jeu avec une nécessité rigoureuse, et dont la chaîne continue, formée d’une suite d’anneaux tous égale- ment nécessaires, se prolonge à l’infini – est-ce que cette carrière, en un point quelconque de son parcours, dans aucun détail, aucune action, aucune scène, aurait pu être différente de ce qu’elle a été ? non est la réponse conséquente et exacte... tout ce qui arrive, les plus petites choses comme les plus grandes arrivent nécessairement1. »
Lacan, qui ne peut pas ne pas s’inspirer de la « suite d’anneaux tous également nécessaires », va reprendre, dans son séminaire de 1964, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, l’enjeu du traumatisme et de la répétition.
Dans les rêves traumatiques, quelque chose se répète et répète encore sans jamais inventer du nouveau, comme nous l’espérons dans la notion même de répétition travaillée dans la cure ; mais c’est le déplacement sexualisé par le fantasme, la métonymie du désir que nous évoquons quand nous parlons d’une répétition qui propose du nouveau. Comme si d’ailleurs la fenêtre étriquée du fantasme n’était pas d’une redoutable fixité !
Lacan ne va pas simplement rappeler le trajet historique de Freud depuis la théorie traumatique des névroses jusqu’à la découverte de la prévalence du fantasme ; il prend paradoxalement les choses à rebours : nous ne sommes pas quittes du signifiant « traumatisme » parce que le fantasme voile, couvre la place du « troumatisme ».
Le fantasme dissimule en chacun de nous la place d’un réel qui ne passe pas et qui insiste dans la mémoire et dans le corps. Prenons garde : il ne s’agit nullement ici d’un appel à la victimologie, comme c’est aujourd’hui à la mode ! il ne s’agit pas de chercher du traumatique partout et de jouer le premier Freud contre le second... Lacan ouvre à cet endroit une question inusitée : la possibilité de la coexistence de deux courants psychiques clivés, ou mieux, placés l’un sur l’autre. Cette clinique feuilletée est déjà une extraordinaire proposition quand nous songeons à notre sacro-saint paradigme « névrose, psychose et perversion. »
Ce n’est pas retour à l’intuition de Mélanie Klein. Cette clinique va nécessiter un traitement nouveau des surfaces sur lesquelles Lacan ne cesse de s’appuyer. Ce qui fait « trou » pour la subjectivité, nous n’en avons pas fait le tour, et il faut souligner que le trou, comme réel mathématique, est l’objet fondamental de la topologie.
À cette reprise de la notion de traumatisme, Lacan va ajouter – et c’est là encore une surprise – un traitement possible du réel puisque ce dernier se trouve au principe de l’action et non plus rejeté à l’extérieur comme cause immuable sur laquelle nous n’avons aucune prise. Nous sommes à cet endroit dans l’écriture du nœud borroméen.
La traduction pratique de cette proposition n’est pas forcé- ment d’une complexité déconcertante. Dans le cas rapporté de la patiente, l’effet même de l’entretien a été remarqué par chacun : partir de ce qu’elle n’avait jamais pu nommer alors qu’elle l’avait identifié, l’abandon par un père, lui faisait immédiatement retrouver une présence discursive et un à propos. L’idéalisation ayant suivi la mort violente a fait que cette enfant n’a jamais pu attribuer un jugement sur les événements vécus. Les traumatismes ont fait trou, sur un mode ici confuso-délirant .
Bien d’autres exemples pourraient suivre. Nous en avons donné ailleurs concernant la clinique si prégnante de « l’enfant agité ». Là aussi, l’engagement du praticien auprès de la parole de l’enfant est capital : tout pousse aujourd’hui au recouvrement des questions, les évaluations et la chimio- thérapie, et ce d’autant plus
qu’une question a été posée sans le recours possible au nom-du-Père. Faire de ce défaut un secours est le défi de l’écriture que Lacan nous laisse.
Le métier à tisser les noms-du-Père est le désir de l’analyste qui borde ces trous dont la typologie clinique est en cours de découverte. Nous en avons donné un exemple avec le traumatisme, terme dont on peut penser que Freud en a dit l’essentiel ; Lacan remet pourtant le mot sur l’établi. il ne fait pas marche arrière, mais dans un mouvement qui engage une présentation autre de ce que nous appelons « structure clinique », il nous engage au seuil du « trou-matisme » : qu’est ce qui se répète en nous et aussi bien d’une génération à l’autre ?
Dans cette démarche, sont revisités les signifiants solidaires du maître mot « traumatisme » : névrose bien entendu, fantasme, réel qui a remplacé la réalité psychique.
Lacan n’invente pas un nouveau concept mais une écriture, qui est la seule façon de déplacer l’interprétation psychanalytique. Dans notre exemple clinique, identifier le traumatisme infantile pour le nommer enfin est « opération du nom-du-Père » alors même que ce nom est carent symboliquement et aussi bien réellement.
S’en trouve déplacé l’impossible jusqu’alors à l’œuvre dans l’inconscient ; c’est ainsi que nous comprenons pour le moment le pluriel des « noms-du-Père » sans chercher l’accord sur cette proposition : chaque rencontre donnant sa chance à lire ce qui n’a jamais été lu.
La psychanalyse ne peut plus se contenter de commenter inlassablement les mêmes références. La question du traumatisme a été récemment relancée sous l’angle de la « résilience » ; que cela plaise ou non n’a pas beaucoup d’importance, car il s’agit à l’évidence de nommer par d’autres voies, le même phénomène : certains sortent mieux et plus vite que d’autres du réel traumatisant en partage.
L’expérience nous oblige
Des faits cliniques souvent massifs contraignent le patricien à modifier son regard et à changer parfois son appui. La topologie proposée par Lacan paraît justement beaucoup plus massive pour traiter des phénomènes psychopathologiques que la richesse inégalée des descriptions de la psychiatrie classique. Mais c’est peutêtre paradoxalement sa chance qui est de proposer d’établir des ponts entre des changements d’envergure que notre regard ne peut plus apprécier et sa traduction dans le travail toujours quotidien des cures.
Ainsi, du fait d’une coopération avec France terre d’asile, nous avons eu, dans notre unité d’enfants, l’occasion de méditer souvent sur ce fait clinique indiscutable : l’enfant, aurait-il vécu des situations dramatiques, se remet beaucoup plus vite que le parent qui l’accompagne et qui a décidé du destin commun de fuite et de demande d’asile.
Enfant sans nouvelle d’un père emprisonné ou mort au pays, enfant dont la mère est menacée par le clan, enfant pris dans la folie du rigorisme religieux, l’histoire et la géographie ne sont pas avares de l’effroyable dont parle Freud, et pour- tant, au bout de quelques semaines, le même enfant accablé et mutique se met à nous sourire, à nous parler et à faire pont avec l’adulte qui reste sur sa réserve et son désarroi.
Le travail ne consiste pas toujours à revenir de force sur les bords du non-symbolisable ; s’intéresser au pays d’origine, faire écrire et dessiner dans sa langue sont une façon de donner voix à la corde d’un imaginaire, porteuse des autres dimensions cruciales pour le vivant.
Surtout, l’enfant redécouvre la richesse d’un « voisinage » : dans son école, dans le lieu du soin qui alterne consultations et ateliers divers, comme il est d’usage dans des centres psychopédagogiques.
Dans ces rencontres, nous quittons les références obligées à l’œdipe, au signifiant phallique ou tout autre tic psychanalytique.
C’est bien d’avantage l’intuition des entrelacs que Lacan nous donne en fin de partie qui nous guide : une
chaîne peut relier des composants alors qu’ils sont indépendants apparemment, deux à deux, comme l’enfant et l’unique parent survivant. Une chaîne peut s’enrichir d’un troisième terme et faire exister un lien privilégié : découverte du transfert qui n’est pas don caritatif et qui pose bien des questions ; qu’est- ce qu’une aide qui n’est pas intéressée ?
Lacan espérait beaucoup de cette immersion dans des espaces de « voisinage », des espaces de connexion qui mettent en relation selon des modalités nouvelles et inhabituelles.
Traiter le réel autrement est un message précieux dans l’abord renouvelé de la clinique du traumatisme. Il nous semble que ce travail récent mais désormais fréquent auprès des enfants dont l’exil est contraint, a changé les modalités de notre engagement et aussi les lunettes pour le lire.
Nous nous sommes limités à des exemples précis, situés plutôt autour du traumatisme, pour faire entendre l’urgence d’une lecture moins univoque des grands paradigmes légués par Freud. Cet après-Freud a déjà commencé et ne pourra se passer de la rencontre avec Freud, car ne plus le lire, comme il est désormais d’usage, ne réglera jamais la possibilité de l’invention.
1. Schopenhauer, Essai sur le libre arbitre (1841), Paris, rivages, 1992. 271

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