dimanche 27 février 2000



Une clinique de la conscience : Henry Ey



Je vais prendre une position un peu plus contrastée et paradoxale une fois que Thierry a établi à mon sens le socle assez sûr qui est donc une critique de la conscience chez Henry Ey mais je voudrais partir d'une réflexion toute bête : à nos aînés, à mes aînés qui ont été formés à partir de cet auteur et pour ma génération les jeunes psychiatres ou psychologues, en France au moins en Italie je ne sais pas, attrape cette clinique au travers Henry Ey. Donc ce qui m'a intéressé c'est plutôt de partir de ce heurt et de ce paradoxe qui est de me demander qu'elles sont pour nous-mêmes les reliquats d'une clinique de la conscience. Peut-être plus chez ceux qui se réclament d'une ego psychologie mais il me semble que Henry Ey est présent en nous plus qu'on ne le croit inquiets peut-être que nous sommes de pousser à des formulations de J. Lacan voire d'en trouver d'autres, en inventer d'autres là ou seules des pistes existent.
Je vous proposerai comme programme quatre pistes de travail. Je ne pourrai pas déployer infiniment.
Premièrement tout le champ de l'hallucination dont on a parlé un peu ce matin qui il est vrai reste obscurci par le problème au sens où être (ensemé) ne rompt pas avec une clinique de la perception.
Le deuxième point est celui de cette distinction entre signe positif et négatif de la psychose où nous pouvons voir là cette hégémonie accordée en France et peut-être en Italie à la schizophrénie au détriment de cette psychose sans moi.
Le troisème point est celui des mots de certains insignifiant employés comme le terme de réticence et de critique du délire.
Ensuite si j'ai le temps mais ce n'est pas sûr j'aurai voulu indiquer que dans certaines zones de la psychose on a affaire à une tendance à psychologique. Je reviendrai là-dessus à la fin.
Sur l'hallucination je ne m'appuirai pas aujourd'hui sur Clérambault que j'aime bien mais je voulais juste vous faire faire un petit voyage chez Harold S. et donc un psyhiatre et psychanalyste américain qui se définit pour lui-même comme le pape enfin un des grands hommes thérapeute de la schizophrénie. Je vous engage à lire de près un de ses bouquins qui s'appelle Le contretransfert ou S. élabore toute sa théorie de ladite symbiose thérapeutique et il s'intéresse au passage à une patiente qu'il a suivi, il a vint deux ans, et il rend compte très fidèlement d'un travail sur l'hallucination au sein de la cure elle-même. Ce qui intéresse S. , c'est ce qui m'a paru extrêmement frappant, c'est qu'il explique ses voix, les voix de la patiente inhumaines et menaçantes au départ comme bien souvent, prennent un caractère au fur et à mesure la plus humain, dit-il, aide, explication, sympathie, confirmation. A certains moments ces phénomènes hallucinatoires disparaissent ou plutôt, nous dit-il, paraissent résorbés (ce terme ma paraît extrêmement important) au sein des pensées propres de la patiente. Ce n'est pas loin de ce qu'on discutait ce matin sur l'hallucination. S. endosse sur un mode univoque le fait que ce matériel ait changé autour et par le transfert. S. la remarque à chacun de ses départ en vacances ses phénomènes hallucinatoires reprennent avec une virulence accrue. Je crois qu'on a là à réfléchir pas à ce qui est transmis par Ey comme directement évidemment mais à quelque chose qui lors de cette identification imaginaire ce mode de couverture de roulement permet, nous dit-il, une sédation de ces phénomène au prix qu'il n'y ait pas évidemment trop de coupure. Donc je vous proposerai comme axe de travail et de réflexion dans ce champ très large de la psychanalyse qu'il y a cet appel à la conscience du patient pour mettre en continuité ces phénomènes acoustico-verbaux comme après tout des projections de son moi propre sur le thérapeute. Ce que je dis là ne va pas avec une critique facile puisqu'après tout enfin ces cures ne se déroulent pas plus mal que ce qu'on peut faire habituellement. Il faut prendre ça avec prudence et c'est surtout pour vous indiquer qu'il n'est pas certain que l'on ait rompu avec cette vision là de l'hallucination qui met sur le même plan et les voix et le thérapeute. C'est ce dont on parlait un peu ce matin.
J'irai plus vite sur le second point. Sur ces fameux signes négatifs et positifs Henry Ey rend un hommage appuyé à Bleuler et si légitime de Bleuler. Je crois que cette idée d'une maladie comme réaction de la conscience opère pour nous une difficulté très spéciale qui est à mon sens notre incapacité à observer, à décrire, à regarder au sens de la mise en perspective, en construction donc, à ces psychoses non paranoïaques c'est-à-dire à toutes ces psychoses où ne prévaut pas le moi et nous sommes en difficulté avec cet imaginaire sans moi car c'est ici radicalement à défaut cette clinique et de la conscience et du moi. Je vous donne juste une piste qui est celle du sinthome où J. Lacan oppose en deux chapitres ce qui est à la personnalité et la paranoïa où il nous dit , c'est pareil donc c'est la même chose et après à la séance suivante il fait un noeud autour du fait de mentir et l'amour propre et l'imagination et le corps. Il y a là semble-t-il, semble-t-il parce c'est encore là peu éclairci à deux zones de la psychose qu'il donne à percevoir et ces zones où ses patients ne peuvent mentir se présentent sans amour propre sans consistance.
Voilà ça ça me paraît une seconde zone qui met en difficulté je crois à cause de Ey, ou à partir de Ey la description d'un pôle de la psychose sans se laisser envahir par la schizophrénie.
Pour la réticence je dirai simplement ceci. C'est que il est usuel de dire qu'il faut vaincre la réticence pour installer une relation de confiance. Nous sommes là alertés immédiatement car après tout face à cette réticence est peut-être un jardin secret et le seul presque psychotique face à ses phénomènes à sa dissolution. Et parfois aussi au-delà de la réticence il n'y a rien. Et ces deux termes et la critique du délire et la réticence feraient valoir au conditionnel voyez une zone où l'on pourrait faire appel au patient à sa volonté à son empathie au-delà de ses phénomènes à savoir que donc ces zones ou cette réticence seraient donc envisageables comme travaillables.

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